La chatGPTisation des contenus
Résumé pour les feignants lucides :
L’IA a donné à tout le monde la possibilité de créer.
Mais au lieu de libérer les voix, elle les formate.
À force de prompts et de copier-coller, les contenus se ressemblent tous.
On ne pense plus. On produit. On publie.
Et lentement, on se clonise.
Ce texte démonte trois symptômes majeurs de cette nouvelle maladie mentale créative :
dépersonnalisation, désalignement, désingularisation.
Mais il ne s’arrête pas là.
Il propose une autre voie : créer avec l’IA sans devenir un clone.
Tu y trouveras un manifeste, 20 principes de survie créative, et quelques vérités qui grattent.
Parce qu’au fond, ton unicité, c’est ton arme.
Et l’IA, si tu l’utilises bien, peut t’aider à la dégainer.
Cet article s'inscrit dans l'étape 1 du parcours de la visibilité.
INTRO: T’as publié, mais c’est pas toi qu’on lit
“Un contenu sur deux sur LinkedIn est généré par ChatGPT.”
Source : eWeek.
Voilà. Le décor est planté.
Pas besoin de creuser longtemps pour voir que le paysage est en train de se lisser comme une façade de centre commercial. Tout le monde dit des choses intelligentes. Personne ne transpire. Personne ne doute.
Des contenus propres, polis, propres sur eux. Bien rangés. Bien prompts. Bien morts.
L’IA a filé aux gens ce qu’ils demandaient sans oser le dire : une autorisation de parler sans penser.
Et ils s’en servent. Oh oui. Ils se ruent dessus comme sur un pack de bières un soir de solitude. Parce que ça va vite. Parce que ça donne l’illusion de savoir. Parce que ça évite le vertige d’être vraiment seul face à la page blanche.
1. L’émerveillement de la flemme
Les gens s’extasient devant ce qu’ils n’auraient jamais su écrire eux-mêmes.
Et tu sais quoi ? Je les comprends. Vraiment.
C’est grisant d’avoir enfin une voix, même synthétique. Même volée.
Mais c’est aussi le début de la fin : quand tu ne reconnais plus la main qui signe à ta place.
2. Produire à la chaîne, penser à la pelle
Tout le monde veut publier. Tout le monde veut exister.
Alors on balance du texte comme on jette des mégots par la fenêtre : vite, sans regarder, sans respect.
Et peu importe que ce soit creux, déjà vu, sans tripes — tant que ça ressemble à quelque chose.
Mais le pire, ce n’est pas ça. Le pire, c’est qu’on finit par croire qu’on est en train de créer.
Alors qu’on recycle à la chaîne ce que la machine régurgite.
3. Ce n’est plus toi qui parles, c’est elle
Petit à petit, sans faire de bruit, tu disparais de ce que tu dis.
Ton regard, ton grain, ton sang — évaporés.
Et tu postes des choses qui ne t’appartiennent plus, mais qui passent bien.
Tu ne fais plus du contenu. Tu fais du brouillard.
Sommaire
I. De la standardisation industrielle à la clonisation crativeII. Les 3 symptômes de la clonisation
III. Créer avec l'IA, pas par l'IA
IV. 20 principes pour ne pas devenir un clone/a>
Conclusion : créer, c'est résister
FAQ désenfumée
I. De la standardisation à la clonisation générative
Avant, on moulait les objets. Aujourd’hui, on moule les esprits.
Avant, on fabriquait des pièces identiques. Maintenant, on pond des idées interchangeables.
L’ère industrielle a foutu des chaînes autour des poignets.
L’ère générative, elle, les fout dans la tête.
Bienvenue dans le nouvel âge du copier-coller existentiel.
Pas de fumée, pas d’huile, pas de rouille. Juste des contenus qui se ressemblent.
Des pensées calibrées. Des opinions sous vide.
Et le pire ? C’est même pas l’IA le problème. C’est nous.
L’intelligence artificielle n’a rien inventé. Elle recycle.
Elle compresse. Elle digère. Elle recrachouille.
C’est une photocopieuse sous stéroïdes.
Mais ce qui l’alimente, ce n’est pas le génie. C’est la lâcheté intellectuelle collective.
On veut aller vite. On veut publier tous les jours. On veut buzzer.
Et alors on standardise ce qu’on aurait pu brûler.
On stérilise ce qui aurait pu foutre le feu.
C’est ça, la clonisation créative :
ce moment où tu crois créer, mais où tu ne fais que ressembler.
Tu deviens un reflet dans un miroir que tout le monde regarde.
Un reflet sans profondeur. Sans aspérités. Sans odeur.
Et on appelle ça "être visible".
Alors que ce n’est même plus toi qu’on voit.
Juste ton double généré, flou, tiède, acceptable.
II. Les 3 symptômes de la clonisation
Tu ne deviens pas un clone d’un coup.
Ce n’est pas une métamorphose spectaculaire. C’est un glissement.
Lent. Doux. Presque agréable.
Comme un somnifère qui te dit que tu es productif pendant qu’il te vide.
Et un jour, tu te réveilles et tu te rends compte que tu publies des trucs qui ne viennent plus de toi.
Tu regardes ce que t’as écrit et tu te dis :
"C’est pas mal."
Mais pas mal pour qui ?
Pas mal pour quoi ?
Pas mal à quel prix ?
1. Dépersonnalisation
On crée sans s’impliquer. Le contenu est bon, mais on n’y est pas.
Tu crées. Mais t’es plus là.
Ton texte est propre. Il a des phrases bien tournées. Des titres qui claquent.
Mais toi, t’es où ?
T’as tout sous-traité. Même ton émotion.
L’IA t’a filé des mots, oui. Mais elle t’a volé la voix.
Pas la voix qui parle. Celle qui vibre.
Et maintenant, tu regardes ton contenu comme on regarde une pub de voiture :
ça roule, mais ça ne décolle pas.
2. Désalignement
On produit des choses qu’on ne pense pas vraiment. L’intelligence remplace l’authenticité.
T’écris des trucs “intelligents”.
Mais au fond, tu sens que ça ne sonne pas juste.
T’as juste repris ce que l’IA t’a servi, parce que c’était bien écrit.
Et t’as oublié de vérifier si c’était toi qui le pensais vraiment.
C’est ça, le désalignement :
quand le texte a une belle gueule mais pas ton odeur.
Quand ça parle, mais ça ne dit rien de ce que tu crois.
T’as pas menti, non.
T’as juste oublié d’exister.
3. Désingularisation
À trop vouloir optimiser, tu deviens optimisé. Donc remplaçable.
Tu publies. Tu partages. Tu crées.
Mais tu deviens remplaçable.
Parce que tu t’alignes. Tu optimises. Tu répètes ce qui “marche”.
T’as banni le bizarre. Le grinçant. Le doute.
T’as remplacé ta folie douce par des bullet points.
Et maintenant, t’es un créateur parfaitement normalisé.
Comme un yaourt bio sous cellophane.
Et dans le fond, t’as peur.
Peur de ne pas être lu. Peur d’être jugé.
Alors t’as préféré ressembler plutôt que déranger.
C’est ça, les trois cavaliers de l’apocalypse créative :
Tu t’effaces. Tu t’éteins. Tu t’égalises.
Et tu ne t’en rends même pas compte, parce que ça fonctionne.
Mais ce n’est pas parce que ça fonctionne que c’est vivant.

III. Créer AVEC l'IA, pas PAR l'IA
L’IA, faut pas la diaboliser.
Faut pas non plus la sacraliser.
Faut surtout arrêter de s’y soumettre.
Elle n’est pas là pour penser à ta place. Elle est là pour t’aider à penser plus loin.
Elle n’est pas là pour faire ton boulot. Elle est là pour amplifier ta voix, pas la remplacer.
Mais faut encore que t’aies une voix à amplifier.
T’as le droit de t’en servir. T’as le droit de t’émerveiller.
Mais t’as pas le droit de t’effacer.
Pas si tu veux que ce que tu crées compte un peu.
L’IA est une architecte, pas la propriétaire
Elle peut dessiner les murs. Proposer des plans. Structurer des idées.
Mais elle ne vit pas dedans.
Elle ne sait pas ce que ça fait, une colère dans la gorge ou une nuit blanche à douter.
C’est toi qui vis là. C’est à toi de foutre des meubles, des cris, des éclats dans la pièce.
Sinon c’est juste un beau vide.
Un intérieur de magazine.
Impeccable.
Et mort.
Tu ne crées pas un masque, tu crées un miroir
Créer avec l’IA, c’est pas “faire joli”. C’est te refléter dans le truc.
Tu dois pouvoir te regarder dans le texte et te dire :
“Ouais, ça, c’est moi.”
Même si c’est flou. Même si c’est sale. Même si ça tremble.
Tu ne veux pas qu’elle parle pour toi.
Tu veux qu’elle porte ta voix comme un mégaphone porte une colère.
Tu veux qu’elle dise ce que t’as pas encore su formuler, mais que tu ressens très fort.
Donne-lui procuration, pas les clés
Donne-lui la permission de te représenter, pas de te remplacer.
Éduque-la. Nourris-la. Rentre-lui dedans.
Fais en sorte qu’elle te connaisse mieux que ton ex.
Mais valide chaque mot.
Relis chaque phrase en demandant : Est-ce que c’est moi qui parle ou juste une parodie de moi ?
Parce qu’au fond, la seule vraie collaboration, c’est celle qui ne trahit pas.
Créer avec l’IA, c’est pas tricher.
Créer par l’IA, c’est fuir.
Et à force de fuir, tu finiras par ne plus savoir où tu habites.
IV. 20 principes pour ne pas devenir un clone
1. Commence toujours par une intention claire
Avant d'utiliser l’IA, demande-toi : Pourquoi je fais ça ? Qu’est-ce que je veux vraiment exprimer ? L’IA ne remplace pas la vision. Elle l’amplifie.
2. Garde ta pensée critique active
Ne prends jamais une réponse d’IA pour une vérité. Interroge, confronte, croise. L’IA propose, toi tu disposes.
3. Utilise l’IA comme un assistant, pas comme un artiste
Tu es le créateur. Elle est ton outil. Si tu lui laisses le pinceau, c’est ton style qui disparaît.
4. Structure toi-même tes idées avant d’utiliser l’IA
Fais un plan, liste tes arguments, écris une intro brute. L’IA peut enrichir, mais pas initier ta pensée profonde.
5. Ne cherche pas à gagner du temps, cherche à creuser
Les prompts rapides créent du contenu superficiel. Les bons prompts commencent par une réflexion lente.
6. Réécris toujours ce que l’IA te donne avec tes mots
Si ça sonne trop lisse ou impersonnel, c’est que ce n’est plus toi.
7. Fais un aller-retour constant entre toi et la machine
Pose une question à l’IA. Réfléchis. Modifie sa réponse. Contredis-la. Refais tourner. Crée un dialogue, pas une délégation.
8. Injecte systématiquement ton vécu, ton regard, tes paradoxes
Ce que l’IA ne pourra jamais générer : ton histoire, ton parcours, tes contradictions.
9. Fuis les modèles de contenu clonés
Les carrousels LinkedIn formatés, les newsletters GPTisées, les vidéos TikTok copier-coller : ils créent de l’audience, mais pas d’identité.
10. Utilise l’IA pour te confronter à d’autres angles
Demande-lui : Quel serait le point de vue opposé ? Qu’est-ce que j’oublie ? C’est un outil de débat intérieur.
11. Lis plus que tu prompts
La lecture nourrit l’esprit. L’IA recycle ce que tu as déjà lu. Si tu ne lis pas, tu tournes à vide.
12. Fais des pauses sans IA pour penser par toi-même
Promène-toi. Écris à la main. Médite. Laisse-toi des zones sans IA pour éviter la dépendance algorithmique.
13. Désapprends les “meilleurs prompts” trouvés sur Internet
Ce sont des raccourcis vers la clonisation. Crée les tiens. Invente ton propre langage de collaboration avec l’IA.
14. Pose des questions existentielles à l’IA, pas juste opérationnelles
Qu’est-ce que ça dit de moi ? Pourquoi ce choix ? En quoi ça résonne avec ce que je crois ? Tu verras qu’elle peut t’aider à penser plus profond.
15. Reviens toujours à ta vision longue
Qu’est-ce que tu veux bâtir sur 10 ans ? Si l’IA te fait dévier de ça, recentre-toi.
16. Teste plusieurs versions et choisis celle qui te ressemble le plus
L’IA peut proposer, mais toi seul sais ce qui est aligné avec ton identité.
17. Refuse d’être un produit d’optimisation
Ce n’est pas parce qu’un contenu est “performant” qu’il est bon. Ne confonds jamais viralité et vérité.
18. Parle de ce qui te fait vibrer, pas de ce qui marche
L’IA va chercher ce qui fonctionne. Toi, cherche ce qui te rend vivant.
19. Développe une éthique personnelle de l’IA
Décide : À quoi je dis oui ? À quoi je dis non ? Écris ta charte intérieure. Elle t’évitera de te perdre.
20. Rappelle-toi : ton unicité est ton actif le plus précieux
L’IA peut tout faire, sauf être toi. Sois radicalement toi, et utilise-la pour amplifier cette rareté, pas la diluer.

CONCLUSION: Créer, c'est résister
Créer aujourd’hui, ce n’est plus juste faire beau ou utile.
C’est résister.
Résister à la vitesse.
Résister au prêt-à-penser.
Résister à cette machine bien huilée qui veut tout rendre “pertinent”, “engageant”, “scalable”.
Créer, c’est foutre le bazar dans les algorithmes.
C’est remettre du grain dans la machine.
Du tremblement. De l’odeur. Du souffle.
C’est dire : je suis encore là,
et non, je ne me laisserai pas générer.
Si toi aussi tu veux écrire comme on se défend,
penser comme on tranche,
et créer comme on respire quand on étouffe,
👉 abonne-toi à la newsletter.
C’est pas une suite de tips aseptisés.
C’est une piqûre de feu créatif, droit dans la gorge.
Un truc pour les éveillés, pas pour les suiveurs.
Un mail par semaine. Pas plus. Pas moins. Mais toujours vrai.
FAQ désenfumée
Qu’est-ce que la “chatgptisation” des contenus ?
C’est quand t’as plus besoin d’écrire, parce qu’une machine le fait pour toi.
C’est rapide, propre, sans odeur.
Et comme tout le monde fait pareil, ça pue le vide à grande échelle.
Bienvenue dans le monde des clones aux doigts qui scrollent.
L’IA va-t-elle remplacer les créateurs ?
Non, elle ne remplacera que les fainéants sans voix.
Ceux qui ont déjà abdiqué.
Si t’as encore un peu de feu sous les côtes, elle peut t’aider. Sinon, elle te remplace.
Simple.
C’est quoi le vrai danger avec l’IA ?
Tu crois que tu gagnes du temps.
En vrai, tu perds ta gueule, ta rage, ta différence.
Tu postes des trucs qui ressemblent à tout,
et tu disparais doucement derrière ta propre production.
Comment s’en servir sans devenir une photocopie ?
Commence par te souvenir de pourquoi tu crées.
Fais-toi confiance avant de demander à l’IA ce qu’elle pense.
Réécris tout avec tes nerfs, ta voix, tes contradictions.
Sinon, t’es juste une jolie coquille générée.
Pourquoi tous les contenus IA se ressemblent ?
Parce que c’est de la soupe algorithmique.
Ça digère tout ce qui a déjà marché, et ça te le recolle avec un sourire vide.
T’as l’impression d’être original, mais t’es juste dans la queue d’un système.
Est-ce qu’on peut faire de l’art avec l’IA ?
Oui, si t’as encore quelque chose à dire.
Mais si t’attends qu’elle te file le feu sacré,
tu vas crever tiède.
L’IA peut t’aider à accoucher.
Mais elle n’a jamais connu la douleur d’un vrai accouchement.
C’est quoi un bon usage de l’IA ?
- Pour défricher quand t’es bloqué
- Pour t’aider à remettre en forme
- Pour challenger tes idées, pas pour les inventer
Mais fais gaffe : plus tu lui laisses la main, plus tu perds la tienne.
Où je vais si je veux pas me faire générer ?
Tu viens ici.
Tu lis.
Tu t’abonnes à ma newsletter.
Pas seulement pour recevoir des “astuces”.
Mais pour te rappeler que penser, c’est saigner un peu.
Et que créer, c’est pas un bouton, c’est un putain de choix.
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